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Andy Garibaldi (CD Services, Ecosse)
Quel album tout à fait extraordinaire ! La belle jaquette ne dit rien - ni sur les membres du groupe, sur les instruments, pas d'indices, rien ! Mais, derrière ceci se cachent presque cinquante minutes du prog instrumental le plus captivant, au son plein, superbement arrangé, joué et produit, qu'on peut trouver actuellement sur le marché. Ce qui est important dans un album de prog instrumental c'est qu'il doit absolument vous captiver dès le début et vous donner l'envie incontournable de l'écouter jusqu'à la fin. La première fois on se demande quel délice va arriver, et puis être suffisamment satisfait pour le réécouter à l'infini. Cet album remplit ces désirs et même plus - le son est gigantesque, les mélodies tout à fait fantastiques, les rythmes élaborés et directs, et l'interprétation est fabuleux. Avec, ce qui semble être tout un arsenal de synths, claviers, guitares acoustiques (pas d'électriques) basses et percussions, mélodies, rythmes superposés, les textures tombent du ciel et vous envoûtent dans leur merveilleux monde musical. C'est riche mais puissant, symphonique mais de classe, rock mais pas métal, prog avec juste un soupçon de fusion, avec un jeu incroyable de la part de tous les musiciens. Sur la piste de seize minutes - une piste que vous écouterez sans arrêt pendant les prochaines années - la combinaison des instruments et la façon dont ils s'intègrent et se développent comme un ensemble complètement organique, vous coupent le souffle. Les huit minutes d'Emanescence contient tout ceci et même plus, des passages de beauté rare alliés à des passages de feu rugissant, synths tourbillonnant, les guitares sonnent, la section rythmique forte et stridente, tandis que les arrangements de mélodie et la complexité du son sans effort et accessibles bien que substantiels et profonds. Mais, surtout, la musique a un c?ur, une âme - une touche humaine qui la sépare de presque tout - une chaleur qui vous infuse la volonté de vouloir la réécouter sans cesse. Son originalité découle aussi du fait que, tandis que le son est dirigé par les claviers, les guitares partagent le rôle dominant à la perfection, bien que les guitares acoustiques prédominent, et que non seulement le résultat est bon à 100%, la production de l'ensemble est tout à fait magique, vous permettant d'écouter chaque aspect de compositions remarquables. Avec trois autres pistes d'une égale également brillance, de sept à quatorze minutes de durée, nous avons ici un des meilleurs albums de prog-rock instrumental sur la planète actuellement, et quelque chose qui doit absolument atteindre un statut légendaire un jour - classe pure, qualité absolue et un album qu'il faut entendre pour y croire.

Fredrick Trafton (Gibraltar Encyclopedia of Progressive Rock, USA)
J'ai reçu Réification hier et l'ai écouté pour la première fois ce matin. Je n'ai aucune idée qui vous êtes, mais c'est le meilleur CD que j'ai reçu depuis longtemps. Vous avez réalisé un vrai CD " progressif ", créant quelque chose de nouveau et d'unique, pas seulement retravaillant le vieux son de quelqu'un d'autre. Je ne sais même pas comment le cataloguer : " Musique Métamorphique " me semble approprié. J'espère que vous réussirez à présenter d'autres albums de la même veine. Si Réification ne devient pas immédiatement un classique, c'est tout simplement parce que les gens ne l'ont pas écouté ? Merci de m'avoir apporter quelques minutes de spiritualité. C'est ce que je ressens de la musique de Réification.

Cousin Hub (Koid'9, France)
En l'an de grâce 34 après KC, un mystérieux émissaire de l'ordre de Syrinx a déposé un étrange objet à l'atelier du prévôt Bernardo, l'éminent penseur progressiste. Après un long travail d'investigation, nous avons enfin réussi à décrypter cette plaque de quartz gravée au silex. Le seul langage utilisé par Syrinx est musical. Point de voix (avait-il l'usage de la parole ? Mystère...), seulement une suite ininterrompue de notes musicales. Une première étude sommaire nous a révélé des consonances Scandinaves cramoisies dans la grande tradition d'Anglagard. Cependant, le passage au carbone 14 nous a appris une origine bien française ! Plus, précisément, Syrinx proviendrait de la cité lacustre d'Annecy et serait contemporain d'autres ordres frères plus connus comme Nil et Thork. Par ailleurs, l'analyse musicologique démontre de nombreuses similitudes idiomatiques avec cette nébuleuse nilothorkienne. Au point même que l'esthète Cousin, disciple de l'éminent Bernardo, soupçonne une étroite imbrication entre ces trois ordres annéciens. L'écriture musicale est exigeante, l'interprétation irréprochable. Dissonances, atonalité, rythmiques complexes ainsi qu'atmosphères planantes laissent entrevoir une profonde influence "frippée" (adjectif nouvellement inscrit au petit Robert et accepté par le professeur Taugis du collège Koid9) digne d'autres confréries hexagonales telles les cathares de Priam et les poitevins de Taal. Aucune mélodie mémorable, mais une imbrication de climats angoissants ou apaisés, une succession de tableaux musicaux impressionnistes d'une haute teneur poétique. Malheureusement, aucune indication n'est disponible, pas plus sur l'emballage classieux (aussi abscons que peut l'être cette chronique) de la rondelle que sur le site archéologique de l'ordre. Notre revue scientifique, un peu démunie par aussi peu d'éléments d'information sur Syrinx espère l'obtention rapide de renseignements complémentaires.

Olivier Pelletant (Cosmos Music, France)
Derrière ce patronyme se cache un nouveau groupe français, formé de quatre musiciens dont les identités sont parfaitement et volontairement préservées. Bâtie autour d'un concept aussi original que nébuleux, la musique découverte sur Réification est menée par une guitare acoustique omniprésente et des claviers pluriels, le tout soutenu par une excellente section rythmique. Les 5 compositions, totalement instrumentales, faites de multiples variations thématiques et climatiques, sont à la fois complexes et mélodiques mais totalement captivantes. Assez éloigné du progressif " traditionnel ", cet album inaugure un genre nouveau et a ainsi toutes les chances de séduire les amateurs de mystères et d'expérience musicale inédite. Vivement conseillé.

??!! (European Progressive Rock Reviews, UK)
" Syrinx est formé de quatre musiciens jouant de la guitare acoustique, guitare basse, claviers et percussions, mais d'autres instruments sont également utilisés. "Réification " est un album instrumental progressif réalisé en France. Actuellement, les musiciens préfèrent rester anonymes, bien que celui qui est doté d'une bonne vision peut reconnaître les membres du groupe d'après la photo sur la jaquette. Pour les autres, j'estime que le mystère autour des musiciens s'accorde bien avec tout le concept qui, comme indiqué dans le livret du CD, sera réparti sur plusieurs albums. S'il ne s'agissait que de la façon de présenter le produit, alors ce CD serait un gagnant à coup sûr mais, comme nous le savons, la musique est la plus importante. Heureusement, je dois dire que la musique est aussi réussie que la présentation de l'album et du site internet. L'atmosphère générale qu'elle transmet est celle d'appréhension, quelque fois avec un sens d'anticipation et, oui, même un sens d'édification. Même dans l'absence de guitares électriques, la musique demeure assez puissante par moment et, oui, assez complexe sans négliger forme, structure et mélodie. Par moment, on distingue des accents de jazz rock progressif mais ceci est maintenu au minimum. Il est évident que les claviers jouent un rôle majeur et, aux moments les plus forts, le son est vraiment puissant et dramatique avec des touches de chorales qui ajoutent à la grandeur de l'?uvre : " Emanesence " et " The Hyposasis of the Archons " en particulier. La première piste de 16 minutes et " Orbis Ubique " parcourent la gamme complète des modes que ce groupe couvre dans leur musique, depuis de paisibles passages symphoniques utilisant une guitare acoustique et basse, jusqu'aux changements assez complexes de direction. La basse joue en général un rôle majeur et est assez présent pendant que la guitare acoustique ajoute également des touches délicates, non seulement dans les parties plus douces mais aussi, ce qui est surprenant, dans les parties dramatiques. La flûte fait de belles interventions dans " Twentieth Circle " qui ajoutent une dimension supplémentaire et une qualité obsédante à l'atmosphère générale du concept. Une partie de cette musique pourrait être décrite comme classique, dont " The Twentieth Circle ", " Orbis Ubique " et " The Hyposasis of the Archons ". Les deux dernières oeuvres témoignent de la complicité réussie entre la guitare acoustique, les claviers et la basse. Cet album est vraiment une expérience d'apprentissage ce qui prouve que des musiciens doués d'une certaine vision composent encore, de nos jours, de la musique progressive. Il peut arriver que ce genre de concept dépasse les limites, mais pas dans le cas présent. Après avoir écouté ce premier album je dois dire que je ressens comment ce concept va se développer, mais ceci est une affaire à suivre dans l'avenir. En tout cas pour le moment, asseyez-vous confortablement et laissez-vous emporter par cette ?uvre visionnaire réalisée par quatre musiciens qui ont tout réussi dès le premier chapitre de leur aventure en commun.

Denis Taillefer (Proglands, Canada)
Voici un projet en plusieurs volets, donc autres CDs a venir, nous venant de quatre 'mystérieux' musiciens appelés les 'Transcripteurs'. Il produisent une musique dans une formule sans guitare électrique, ce qui donne un son particulier au groupe, genre OPETH avec leurs dernier CD 'Damnation' pour un exemple, et ayant pour base conceptuelle les résultats de fouilles archéologiques notamment en Egypte. La musique transcrit donc l'ancienne histoire mythologique et comporte donc des sons de claviers éthérés et un sens très 'spacey', cosmique de temps en temps, malgré que les moments forts ont une certaine complexité musicale la musique est plutot axé sur la musique métal mais dans un contexte acoustique et plus progressif que OPETH. Totalement instrumentale, la musique est ajouté de certain ingrédients, un profond coté mythique, musique electronique/ambient mêlée a tous ça, un peu de psychedelic et de Jazz dans 'Emanescence' et 'Le Vingtième Cercle'. Voilà en gros pour la musique, j'aime bien le concept, c'est un CDs malgré tout de 54 minutes et qui s'écoute très bien. Cette 'musique Metamorphique', comme les transcripteurs l'appelle ne restera peu être pas perceptible pour moi tel que dans la pièce chez moi, je ne crois pas être aussi sensible mais elle le restera dans ma tête. Excellent !

Greg Filibert (Progressia, France)
Syrinx est un groupe bien mystérieux. Derrière ce nom se cachent quatre français qui ont souhaité garder l'anonymat et préfèrent se nommer les Transcripteurs. Formé en 99, ces musiciens jouent ce qu'ils appellent de la musique " métamorphique ". Malgré ce nom abscons, c'est un style que nous rapprocherons volontiers du progressif. Entièrement instrumental et quasi-exclusivement acoustique, Réification fait preuve d'originalité et de beaucoup de maîtrise ! Il est difficile de décrire ce paysage musical qui s'offre à nous tant il est dense et complexe. Pour essayer de mieux cerner l'objet, disons que parfois des groupes tels que Gordian Knot, Dream Theater, Planet X ou encore King Crimson nous viennent à l'esprit. Guitare, basse, batterie et synthé s'accordent à décrire de nombreuses ambiances pouvant aller du pur moment de quiétude à une atmosphère sombre, puissante et torturée à la fois. Les structures des titres sont en perpétuel mouvement, mais les mélodies ne sont pas oubliées, bien qu'il faille une oreille attentive pour toutes les cerner. Les quatre instrumentistes font preuve d'un excellent niveau technique. La guitare acoustique joue plutôt dans un registre rythmique et excelle particulièrement dans les arrangements pertinents. Mais cela ne l'empêche pas de s'échapper pour quelques soli de temps à autre. Les synthés ne prennent jamais le pas sur les autres instruments, et savent mener la danse quand il le faut, avec notamment de très belles envolées aux moments adéquats. Ne vous attendez cependant pas à des solos à la Jordan Rudess (Dream Theater). Quant à la section basse/batterie, virtuosité, finesse et rigueur métronomique sont les adjectifs qui lui correspondent le mieux, et de ce côté, on ne s'ennuie vraiment pas ! Les prouesses des Transcripteurs sont servies par une très bonne production au mixage clair et précis. Réification est une très agréable surprise, technique sans être démonstratif, original et intéressant. L'amateur des groupes cités plus haut se doit de jeter une oreille sur ce quatuor, même si certains demeureront peut-être hermétiques à l'univers particulier de Syrinx. Pour peu que l'on reste concentré et ne perde pas le fil (sur un titre d'un quart d'heure par exemple, comme" Réification " ou " Orbis Ubique "), le voyage devient tout à fait attrayant.

Kristian Selm (Progressive Newsletter, Allemagne)
Voilà un groupe que nous découvrons quasiment à ses débuts. Encombrant et difficile, sombre et triste, tels sont les adjectifs qui noèus viennent à l'esprit quand le single du groupe Syrinx sonne à nos oreilles. La première impression ne trompe pas, on retrouve ces attributs tau cours des 5 chansons suivantes de "Réification". Sans compter qu'avec la suite de l'album, d'autres choses apparaissent, qui mettent en évidence l'excellence des musiciens de Syrinx, ainsi que la richesse de leurs compositions. Ce qui frappe positivement, c'est que malgré une musique instrumentale pure, on entend peu de solo. En effet, il s'agit d'une ambiance générale compacte, fondée sur un son dense et portée par une multitude d'atmosphères. Les claviers sont posés sur un tapis volant sphérique, pendant qu'on rencontre les quitares, en partie acoustique, et même occasionnellement, en arrière-plan, des flûtes. Syrinx procure de supers moments, excitants au plus haut point; avec leur saut d'obstacle mental, ils prennent soin d'engager un revirement surprenant, en ce qui concerne le domaine de la limite stylistique entre le progressif et le jazz rock. L'atmosphère démontre combien les capacités techniques sont au-dessus de la moyenne, la retranscription est attirante, cependant, il y a quelques critiques à émettre, celles-là même qui empêchent les Français de connaître leur véritable lancement. Parfois, il ressort du large lexique instrumental le sentiment qu'un peu de rigueur dans la structure interne et dans la montée de la tension, n'aurait pas fait de mal. Toutes les cassures internes ne paraissent pas logiques, même si par ce biais, ont est ménagé. Néanmoins, "Réification" est une première affirmation sympathique, qui gagne à chaque écoute et prouve que dans ce groupe sommeille des potentialités. Plus de concentration et il poussera de ce collectif quelque chose de très grand.

Olivier Vibert (Big Bang, France)
A la découverte des fabuleux mystères de l'Aeon Syrinx !
La découverte de Réification, le premier album de Syrinx, pose beaucoup plus de questions qu'elle ne donne de réponses et de clés. Voici un groupe dont personne n'a entendu parlé auparavant et qui sort là un objet tout bonnement formidable !!! Et c'est peut-être là la seule vérité dont on soit certain... En effet, Syrinx cultive le mystère comme d'autres les plans de cannabis, c'est à dire avec la plus grande des attentions ! A ce titre, il est très avare en informations. Aucun crédit technique dans le livret... On sait juste que c'est un quatuor français (guitare acoustique, claviers, basse, batterie) qui qualifie son rock de "métamorphique" (sic), que les musiciens se sont réunis en 1999 et que certains d'entre eux ont déjà une carrière nationale voire internationale. Mais guère plus... Ni leur identité ! Ni même un pseudonyme ! ! ! Une sorte de The Residents progressive à la française, pour ainsi dire... Notre but n'est bien entendu pas de les démasquer, surtout dans nos colonnes, mais si les plus curieux / perspicaces d'entre vous souhaitent mener une enquête plus approfondie, ils pourront peut-être se faire une idée assez précise de qui se cache derrière. Tous ces secrets sont là pour servir un concept assez complexe, emprunt de mysticisme et de mythologie. Sans trop entrer dans les détails (je risquerais de m'embrouiller mais si vous souhaitez en savoir plus, aller plutôt sur le site officiel - www.syrinx-aeon.com) et pour comprendre un minimum le groupe, il faut juste savoir que les musiciens se veulent des "transcripteurs" du "message" de l'Aeon Syrinx et que chaque "fragment" de ce message inspire un morceau. Réification constitue ainsi la première phase dans le dévoilement de ces mystères. Il est certain que cette démarche artistique déroute, mais elle se doit d'être respectée pour ce qu'elle est, même si on peut être sceptique et la trouver au choix amusante, nébuleuse ou inquiétante. Espérons seulement que nous ne sommes pas là en présence du Zazen français et que tout ça ne cache pas quelque société occulte. Fermons le ban à ce sujet. Non que la vérité soit ailleurs, mais vous lisez Big Bang et non un traité d'ésotérisme alors comme le dit lui-même le groupe, "ne perdons pas de vue que le plus important reste la musique. Il n'est pas nécessaire que l'auditeur se plonge dans le concept lié à la musique de Syrinx. Ce qui compte, c'est que celle-ci soit écoutée." Ce que nous approuvons amplement car cette musique là mérite le plus large auditoire possible ! La musique donc... Elle est à l'image du livret qui l'accompagne, mystérieuse (ça, on s'en serait douté), belle, pas noire, ni sombre mais dans les tons bruns ou pâles (marron, vert, violet). On ne peut pas véritablement la considérer comme mélodique, car peu basée sur des lignes musicales directement identifiables et accessibles. Non, l'esthétique du groupe est bien plus subtile que ça... Les notions d'harmonies et de textures semblent davantage privilégiées. Les éléments se superposent en couches pour former des arrangements riches et complexes. Aussi bien sur l'axe horizontal que vertical. Chacun des instruments joue un rôle bien défini dans cet enchevêtrement. Aucun n'est au premier plan, les solos par exemple se font très rares, mais tous participent, à leur manière, à la confection de ce tissu fin et complexe. Parfaitement joué et mis en son, chaque instrument occupe un spectre bien précis et ne déborde pas sur le voisin... La guitare (uniquement acoustique je vous le rappelle) et les claviers ont à ce propos des places opposées mais complémentaires, et leur interaction donne quelque chose d'assez inédit. La guitare est sinusoïdale, précise et très présente. Très rarement en accords (comme on pourrait le penser de prime abord), sa prédominance s'exerce surtout autour de motifs inquiétants ou d'arpèges mystérieux et vifs. Ses sonorités à la fois fragiles et sèches et son jeu dynamique sont porteurs d'élan et de chaleur et ne font jamais regretter l'absence de cons?urs électrifiées. Les claviers quant à eux se parent de sonorités synthétiques assez modernes et réussies. En général, ils façonnent les ambiances à l'aide de nappes enveloppantes assez froides et dont les attaques sont assez lentes. Mais ils se démarquent à quelques reprises pour devenir plus "rentre-dedans" et prendre un aspect plus vintage (hammond, moog ou assimilé). La section rythmique est excellente. C'est le véritable ciment des compositions. Le batteur est impressionnant de rigueur et de puissance... Pas en reste, la basse montre un visage changeant : grondante et brutale, elle peut subitement se faire plus douée et troublante (ah !... cette belle fretless). On se sent alors comme enveloppés puis trans-portés par cette musique. Ici, ce ne sont pas des paysages sonores qui sont évoqués, mais plutôt une impression immatérielle dans laquelle on se retrouve comme en lévitation, à graviter autour d'un axe hypothétique ! Et les caractéristiques de l'orbite décrite (vitesse, rayon, déplacement axial etc.) semblent directement inspirées par ces "transcriptions" et leurs bouleversements... Car celles-ci paraissent pas mal tourmentées dans leurs sentiments... Si elles ne sont pas introverties, on peut toutefois parler d'introspection. Elles demandent énormément d'attention pour ne pas décrocher et des écoutes répétées pour en partager toute la substance. Il est certain que cette musique s'apprécie avant tout seul. C'est à ce prix que l'on pourra se faire chahuter par ces nombreuses ruptures climatiques et thématiques. Ces sensations violentes mais retenues: rythmes vifs, dissonances qui fusent et engendrent des atmosphères troubles; auxquelles succèdent ces moments plus contemplatifs, havres de paix au milieu du tumulte, où la plénitude et le souci mélodique l'emportent, tel ce magnifique solo de flûte dans la partie centrale de "Le Vingtième Cercle"... Quoi qu'il en soit, le temps passe très vite, que les morceaux durent 7 ou 17 minutes, on ne voit pas la différence... Tout se tient merveilleusement. Il y a une rare unité stylistique qui imprime une forte personnalité à l'?uvre. Aucun titre ne se détache ni positivement, ni négativement. Tout semble original, on essaie bien de trouver des repères, des choses déjà entendues... Mais en vain. On en vient finalement à penser à Änglagard pour le goût du mystère et pour la beauté automnale de certains passages calmes ; à A Triggering Myth pour les ambiances équivoques et te travail des claviers; voire à de très vagues réminiscences de métal-prog lors de quelques rythmiques particulièrement appuyées... Et c'est un peu tout. Et peu de reproches à faire en réalité, peut-être certaines transitions semblent-elles parfois un peu douteuses : des fondus par exemple ou alors une brusquerie assez incompréhensible. Et certains pourront déplorer un peu trop de reverb dans le mix... Pas grand chose, somme toute. Avec cette Réification, Syrinx peut être considéré comme une des grandes révélations de l'année et possède tous les atouts pour devenir un acteur majeur du paysage progressif français et mondial (voire intersidéral). Et c'est le second groupe hexagonal à nous infliger une telle claque cette année... Après le coup dans l'estomac de Taal, voici que les mystiques de Syrinx nous relèvent pour nous malmener avec autant de délices. Aussi jubilatoires l'une que l'autre, les deux formations ont des démarches diamétralement opposées : tandis que Taal joue une musique extravertie et qui s'adresse avant tout aux sens, au corps et qui incite à se lever et à gigoter dans tous les sens, celle de Syrinx favorise l'introspection, l'esprit et les sentiments. Mais même assis dans son fauteuil, les yeux mi-clos, le menton dans le creux de la main et faisant éventuellement fi de l'ésotérisme ambiant, le plaisir pris est énorme ! Le "panard" même !!! Ouais...

??!! (Progressive Waves, France)
Derrière ce nom se cachent en fait quatre musiciens français qui préfèrent rester anonymes. Réification est la première partie d'un concept qui s'étale sur 4 albums. La forme de l'objet laisse déjà entrevoir quelques pistes : Artwork très soigné, musique exclusivement instrumentale et cinq pistes pour près d'une heure de musique. Le premier titre fait d'ailleurs 16 minutes. On a affaire à une musique acoustique mais plutôt lourde. Il y a une tension ambiante et un climat très bizarre parfaitement transcrit par une musique complexe, sombre et assez mystique. On y trouve également des passages d'autres instruments, notamment de flûte traversière. Le talent des musiciens est évident. Plusieurs influences se mélangent pour un résultat très fluide. Il est là le paradoxe de cet album. On l'écoute, on pense que c'est super, inspiré et assez lumineux mais a-t-on envie de le réécouter? Pas toujours. Ou plus précisément pas pour tout le monde. Ce disque s'adresse presque exclusivement aux connaisseurs et aux amateurs de musicalité et de recherche mélodique très fine. Les influences progressives sont enrichies d'un jeu Jazzy assez agréable et d'une rythmique flamboyante. Les claviers apposent cette atmosphère si particulière et unique. La basse tient un rôle majeur et souvent, elle se retrouve à mener la danse, suivie par le guitariste qui utilise son instrument avec une grande dextérité. Ce disque pourrait être la bande son d'une aventure exotique, à la recherche d'un trésor digne du meilleur Indiana Jones. Oui mais une version beaucoup plus intellectuelle d'Indiana Jones. Tout au long de ce disque on ressent très clairement cette inspiration et cette intelligence musicale, la virtuosité de ces quatre anonymes est exemplaire. Mais ils parlent un langage que seuls les avertis connaissent, les amateurs de rock progressif instrumental à la Gordian Knot par exemple. Pour un amateur lambda de métal progressif , cet album ressemble à un théorème abstrait de mathématiques. Sans remettre en cause le talent des musiciens et les indéniables qualités de ce Réification, il faut noter qu'il s'adresse à un public bien averti. Pour ces derniers, on est en présence d'une des meilleurs ?uvres française de l'année. Pour les autres, on le conseillera en tant que curiosité, en tant qu'exemple de musicalité et d'intelligence artistique.

??!! (Opposition de Phase, France)
L'internaute curieux devrait commencer par visiter le site Internet... Syrinx se veut une formation de "transcripteurs", créant une musique mystique, à l'aide d'une guitare acoustique, d'une basse, de claviers et d'une batterie. La guitare, prépondérante, n'est pas sans rappeler celle de Mike Johnson de Thinking Plague et je fais donc là une énorme compliment ! La musique, instrumentale et assez"progressive" dans son tempérament, est plus complexe que prévue pour un jeune groupe français. Quelque chose se dégage bel et bien de ce premier album, et je ne serais pas surpris de voir les prochains produits par un label plus prestigieux, tel Cuneiform...A suivre donc. PS: On aurait néanmoins préféré que le mystère développé autour de l'aeon Syrinx soit moins élogieux pour leur propre création : in ze texte, La musique, à la fois riche, complexe et mélodieuse, n'appartient dans son ensemble à aucun style existant". Ben mon cochon.

Philippe Gnana (Harmonie Magazine, France)
Ouh, en voilà un projet musical plus qu'ambitieux. D'ailleurs le terme " projet musical " n'est pas forcément le plus adapté. Cela va bien au-delà d'une simple expérimentation musicale, simplement destinée à distraire l'auditeur. Il y a derrière tout cela une ambition affichée d'une forme de prosélytisme métaphysique. Mais, plutôt qu'essayer de traduire la volonté des auteurs de manière approximative au risque de la dénaturer, laissons-leur donc la parole : " Inspirée par l'AEon Syrinx, cette création musicale veut redonner Vie à celle qui fut nommée Syrinx, ceci en propageant les vibrations formées par des sons et des rythmes organisés selon un agencement parti- culier, Réification constitue une première étape, qui permettra ensuite aux Mystères de Syrinx d'être progressivement dévoilés. " Plusieurs fragments du message de Syrinx nous sont parvenus. La musique issue de leur transcription s'est avérée à la fois riche, complexe et mélodieuse. Elle n'appartient dans son ensemble à aucun style existant. " Cette ?uvre inaugure un nouveau courant musical appelé "musique métamorphique" dont l'influence sur l'environnement va conditionner l'auditeur afin d'obtenir une suite de transmutations externes et internes. " Les auteurs de cette mystérieuse biogenèse musicale à l'insoupçonnable puissance subliminale, ont choisi de s'abriter derrière un anonymat qui peut en imposer tout autant pour une volonté de s'effacer derrière le propos musical que pour une manière de manipuler l'auditeur. Comment donc interpréter "cette création musicale veut redonner Vie à... "? Est-ce tout simplement une manière d'hommage à la célèbre nymphe nous dévoiler progressivement et dont Réification n'est qu'une première étape. La référence au Nyctemeron d'AppolloniusdeThyane nous engagerait plutôt sur la voie d'une forme d'occultisme qui s'adresserait au Moi subliminal pour l'entraîner sur les chemins de l'extase mystique. Quoiqu'il en soit, à moins d'être déjà victime inconsciente de cette vaste manipulation subliminale, on peut tout à fait occulter tout le discours explicatif qui entoure la musique pour se laisser envahir par sa profonde beauté intrinsèque. Cette musique dégage force et mystère avec pourtant une relative économie de moyens : une guitare acoustique, des claviers, une section rythmique et puis c'est tout. Mais avec un peu d'imagination et pas mal de talent, il n'en faut souvent pas plus pour créer des climats oniriques, des paysages sonores fortement suggestifs : un travail à la guitare acoustique époustouflant de sensibilité et d'inspiration, des claviers comme en suspension, qui s'insinuent et génèrent le sentiment d'irréalité et de mystère, une section rythmique qui souligne parfaitement la pulsation qui palpite au c?ur de cette musique. Au risque d'agacer les auteurs qui pensent avoir inauguré un nouveau courant musical appelé " musique métamorphique ",je serai tenté de trouver une forme de sympathie avec la sensibilité musicale dégroupes comme Pulsar, Arachnoid ou Shylock, et ce sans accuser en aucune manière Syrinx de plagiat ou de nostalgie. (Il n'est même pas sûr que les musiciens aient connaissance de ces glorieux aînés). Un concept ambitieux pour un album de magie et de mystères. A suivre...

Christian Aupetit (Prog la Vie, France)
Encore un nouveau groupe français épatant! En dépit d'un concept un peu trop "obscur" à mon goût et d'une mise au secret également discutable, musicalement ce premier album est une excellente surprise. C'est riche, inhabituel (pas de guitare électrique mais une acoustique très présente) et plein de rebondissements en tout genre. Pour peu qu'ils aèrent un peu plus leur musique et qu'ils soignent certaines transitions un peu abruptes, ce sera parfait! En tout cas déjà une grande réussite. Vivement la suite!

Frédéric Delâge (Crossroads, France)
SYRINX est un groupe fort mystérieux : ses musiciens préfèrent rester anonymes et se présentent comme de simples "transcripteurs" jouant une musique "métamorphique"... Bref, voilà une profession de foi un rien ésotérique qui ne doit pas faire oublier l'essentiel : la grande qualité musicale d'un premier album instrumental, "Reification" (annoncé comme inaugurant une série), à conseiller aux amateurs de progressif avant-gardiste dans la lignée d'Univers Zéro et autres Art Zoyd...

Jean-Luc Morcello (Highlands, France)
France, 2003) Voici certainement l'album le plus progressif de l'année. Entièrement instrumental, REIFICATION est un chef-d'?uvre à l'état pur : musique très subtile et complexe, climats incessants, perpétuelles variations, rythmes insoupçonnés, arrangements inédits... qualifient ce premier opus. Cette qualification reste malheureusement sommaire et nécessite plusieurs écoutes attentives de REIFICATION pour en apercevoir toute la quintessence. Sa complexité est telle qu'elle s'adresse d'abord à un amateur de prog' averti. Je dois quand même vous prévenir que vous entrez ici dans un nouveau monde. Explication : Le projet SYRINX est la réunion en 1999 de musiciens hors-pair (ils se qualifient eux-mêmes de 'transcripteurs') issus de formations musicales différentes (dont certaines se sont fait connaître au niveau national et international, sans toutefois avoir plus de précisions sur leurs noms et précédents parcours). Le groupe est constitué de quatre musiciens : guitare acoustique, basse, claviers et batterie. Cette formule sans guitare électrique est plutôt inédite et confère à la musique une identité et un son bien particuliers. Mais la particularité de SYRINX ne s'arrête pas là : ces 'transcripteurs' ont décidé de donner vie à un nouveau courant musical : la musique dite 'métamorphique', (métamorphique = ce qui subit une métamorphose) qui ne ressemble en elle- même à aucun style existant. D'après les auteurs, une musique est dite métamorphique lorsque (je cite) :
* Elle est construite sur des thèmes rythmiques et mélodiques qui se développent, se transforment, se métamorphoses de façon subtile en d'autres thèmes,
* Elle induit chez celui qui l'écoute un état intérieur particulier : la musique de SYRINX est conçue afin d'opérer une 'transmutation' interne, une métamorphose intérieure et extérieure de l'auditeur,
* Elle crée dans le lieu où elle est diffusée une sorte de climat : elle contient en elle tout ce qui lui est nécessaire pour pouvoir s''accrocher' progressivement dans l'espace physique où elle est propagée. Une fois sa diffusion terminée, elle imprègne encore le lieu. Une personne sensible doit ressentir ce phénomène, même si elle n'est pas présente au moment de l'écoute.
Quant au terme de 'Réification', du choix mythologique de 'Syrinx' et autres 'Aeons' 'Orbis Ubique' et 'Hypostase des Archontes', leur explication nous emmènerait assez loin et nous écarteraient un tant soit peu de l'objet de cette chronique. Vous l'aurez compris, l'univers si particulier de SYRINX est riche, complexe, surprenant. Le concept musical de SYRINX (l'album a mis près de quatre ans pour aboutir) est donc logiquement conçu pour être développé sur plusieurs albums et la suite de REIFICATION est d'ores et déjà composée. Inclassable, elle n'attend plus que vos oreilles pour vous 'transmuter' ou 'métamorphoser' : la musique progressive retrouve ici ses sources trop longtemps oubliées.

Romain Rioboo (Traverses, France)
Derrière ce nom de nymphe de la mythologie grecque se cachent quatre musiciens : guitare acoustique, basse, claviers et batterie. Qui sont-ils ? Mystère... le groupe ne les nomme que comme des " Transcripteurs " qui travaillent depuis quatre ans sur le message de la nymphe Syrinx. Le site Web (www.syrinx-aeon.com) donne pleins de détails sur le concept de ce disque, aussi bien en général que dans le détail de la démarche du groupe dont cet opus est le premier d'une série qui servira à mettre à nu ce " nouveau " concept musical qui consiste en... de la " musique métamorphique ". Ce serait, suivant le dossier de presse envoyé, une musique, je cite, " construite sur des thèmes rythmiques et mélodiques qui se développent, se transforment, se métamorphosent de façon subtile en d'autres thèmes ". Si elle est bien construite, elle induirait, alors, chez l'auditeur, un état particulier et imprégnerait le lieu où elle est diffusée. Bon, pour simplifier ou clarifier, on aurait une musique progressive proche des écoles symphoniques des années soixante-dix à nos jours. Et même si certains auront du mal à avaler le concept proclamé et le discours ésotérique autour de ce groupe et de cette musique, il reste tout de même l'essentiel : la musique. Et là, on est loin de choses vagues et relativement inconsistantes (le coup de ne pas dire qui sont les musiciens... haha ! Mystère !) Allons, ce n'est pas ça l'important, l'important c'est notre tout nouveau concept musical, grandiose, d'où l'on sort l'essence des choses !... sans plomb, merci ! Car la musique, elle, vaut le détour. Pour ceux encore sous le charme du site web (très bien fait ! On pense au Blair Witch Project), le booklet avec ses textes et " explications " des titres est très bien réalisé. Cinq morceaux de sept minutes à près de dix-sept minutes. On est gâté en matière de musique progressive. Purement instrumentale, la musique présente en effet beaucoup de points communs avec le courant progressif symphonique avec de longs développements et des changements de rythmes, ambiances et mélodies, ponctués par des breaks bien travaillés par la rythmique. Réification, le premier titre, démarre avec une basse vrombissante pas loin de l'école Zeulh, une guitare acoustique accrocheuse et des claviers (ils sont très présents tout au long de l'album). La mélodie assez simple se complexifie et les nappes de claviers apparaissent sur une rythmique forte pour enfin s'apaiser et ensuite repartir. On navigue, on s'éloigne. Les musiciens passent d'une ambiance à une autre mais sans jamais effleurer les avant-gardes, ni trop jouer des dissonances. Ici, on est en terrain connu. La rythmique puissant et riche sert essentiellement d'appui aux mélodies servies par la guitare acoustique et les claviers et pour marquer les changements d'intensité, mais ne prendra jamais le rôle de leader. Encore et encore il y a alternance et contraste entre la force et la douceur musicale (masculin / féminin). Ce morceau de 16'56'' est une bien belle preuve que le prog n'est pas mort ou qu'il n'y a pas toujours nécessairement copiage de styles particuliers. Oui, les éléments classiques du prog symphonique sont tous là mais on n'entend pas du pseudo-GENESIS ou pseudo-ceci ou cela. C'est une musique qui rentre dans un style, un courant même mais sans copier les stars dudit courant. Les morceaux se suivent et comportent essentiellement les mêmes éléments. Certains sont plus atmosphériques dans leur ensemble, d'autres plus dynamiques, mais la cohérence est là. On peut effectivement parler d'album-concept, c'est un tout. Malgré toute ces qualités, je trouve que les mélodies sont variées mais rarement percutantes ou simplement très belles. De même les alternances et les breaks sont bien faits, suffisamment courants pour maintenir l'auditeur alerte et intéressé, mais cela est très souvent réalisé sur le même canevas. Attention, ce disque est tout de même plein d'originalité mais pas de folie. Du talent mais rarement du génie, du moins à première vue (l'avenir tranchera). En tout cas il s'agit d'un album riche qui ravira tout amateur de progressif et qui vous est très chaudement recommandé.

Frédéric Delâge (Crossroads, France)
Note chroniqueur : 4/5
Mystères et boule de gomme. Syrinx est un groupe français qui se plait à cultiver le mystère, et pas seulement dans sa musique : ses quatre membres (guitare acoustique, claviers, basse, batterie) préfèrent rester anonymes et se présentent comme de simples " transcripteurs " jouant une musique " métamorphique ". En clair, cette musique-là serait avant tout affaire de métamorphoses successives, de sa substance même (le développement des thèmes musicaux) à l'effet qu'elle produit sur l'état intérieur de l'auditeur et même sur le climat de la pièce où celui-ci se trouve. On n'est bien sûr pas obligé de prendre forcément au sérieux les considérations un rien ésotériques de Syrinx. En revanche, la qualité de sa musique parle d'elle-même. Et fait de ce premier album (annoncé comme inaugurant une série d'au moins trois disques, dont le second devrait paraître courant 2004), un disque d'une densité et d'une originalité très très nettement au-dessus de la moyenne. On se trouve donc ici en présence de cinq instrumentaux, dont la durée varient de 7 minutes au quart d'heure, qui tissent des ambiances étranges, sombres, parfois contemplatives, parfois tourmentées, où une étonnante complexité rythmique et harmonique le dispute insidieusement au pur charme mélodique (pas évident de prime abord, et pourtant...). Les claviers alternent textures modernes ou plus seventies, la guitare exclusivement acoustique égrène des arpèges intriguants ou des thèmes qui se répètent, s'entrecroisent, se répondent... Il faudra plusieurs écoutes, y compris à l'amateur de musique progressive, pour s'imprégner vraiment des multiples mystères de l'univers très introspectif de Syrinx. Et si l'on ne saurait franchement parler de disque révolutionnaire, Réification est suffisamment singulier pour ne susciter aucune comparaison évidente avec des ténors du genre progressif au sens large (on pourrait citer King Crimson ou Univers Zéro, mais plus pour l'esprit aventureux que pour la lettre stylistique). Comme, en plus, le groupe semble avoir le potentiel pour transformer ce qui est déjà très bon en vraiment exceptionnel, on attend avec impatience le second volet. Parions que ces métamorphoses-là ont de la suite dans les idées... (nb : dernière originalité, Réification est un disque auto-produit, dont la distribution est par conséquent aléatoire. Le mieux, pour se le procurer, est encore d'aller directement sur le site de Syrinx : http://www.syrinx-aeon.com)